Amplo soutient la Game Jam d'Idisen asbl
L’Idisen Game Jam renforce le réseau des développeuses
Ce n’est un secret pour personne : le secteur du jeu vidéo reste encore très masculin, même si de plus en plus de femmes y tracent leur voie. Merel Steeland et Goedele Godfroid de l’asbl Idisen souhaitent contribuer à façonner l’avenir.
En juillet 2025, Merel et Goedele ont organisé à Sinaai la toute première Idisen Game Jam internationale pour femmes. Neuf jours remplis d’ateliers, d’échanges d’expériences et bien sûr… de création de jeux. En tant que partenaire enthousiaste de ce projet innovant, nous avons discuté avec Merel de la Game Jam, des défis du secteur du jeu vidéo et des projets futurs de l’asbl Idisen.
Pourquoi avoir fondé Idisen ?
Merel Steeland : « Je travaille dans la cybersécurité, mais j’ai longtemps été chercheuse, développeuse et productrice dans le secteur du jeu vidéo. Goedele, elle, est artiste 3D dans la start-up Tovenaar. Même si nous avons étudié et travaillé dans la même école, nous nous connaissions surtout de vue — dans le monde du jeu vidéo, les femmes finissent vite par se connaître entre elles. Des amis communs nous ont rapprochées et, grâce à nos expériences similaires, nous avons eu envie de renforcer la place des femmes dans le secteur. Tout s’est accéléré quand Goedele a participé en Suède à une Game Jam similaire. Elle en est revenue avec tellement d’inspiration, de motivation et de contacts que cela nous a servi de modèle : accessible financièrement, sur une plus longue période, sans but commercial et exclusivement destinée aux femmes. »
Par où commencer ?
MS : « Nous avons contacté les organisateurs de l’événement suédois, sondé Flanders Game Hub pour voir ce qui était possible, visité d’autres Game Jams et cherché des partenaires. Dès le début, on a vu les choses en grand. »
À quel point “grand” ?
MS : « Notre objectif est de renforcer les relations et le réseau des développeuses. C’est un secteur compétitif dont beaucoup de personnes, surtout des femmes, finissent par se détourner après environ cinq ans. Avec de nombreux jeunes prêts à faire beaucoup d’heures supplémentaires, la pression de travail est énorme. En plus, ce n’est pas toujours simple de construire un portfolio : si vous travaillez deux ou trois ans sur un projet qui n’aboutit pas, vous ne pouvez pas toujours le mettre sur votre CV. C’est pourquoi nous voulons aussi mettre en lumière de petits studios indépendants avec un impact positif et une éthique de travail équilibrée. »
« Il y a un réel besoin de connexion entre femmes de l’industrie et d’échanges culturels avec le reste du monde. La situation s’améliore petit à petit : chaque année, le nombre de développeuses augmente de quelques points de pourcentage, et on est aujourd’hui à 24 % de femmes salariées. À notre échelle, nous voulons encourager les femmes du secteur, créer du lien, et rallumer la flamme de leur passion pour ce métier. Une des façons d’y parvenir est de leur permettre de concrétiser un projet en une semaine. Rien n’égale la satisfaction d’avoir mené quelque chose à terme. »
Idisen : des femmes divines
« Idisen » est la variante germanique du terme Valkyrie. Les Valkyries (ou Walkyries) sont des déesses guerrières issues de la mythologie nordique.
À quoi ressemble une Game Jam comme celle-ci ?
MS : « Les Game Jams se résument généralement à trois jours intenses de travail-non-stop et de nuits écourtées. Cela a son charme, mais notre but était la connexion, et pour cela il faut du temps et de la sérénité. C’est pourquoi nous avons choisi neuf jours dans un cadre apaisant — et les participantes n’avaient besoin de poser qu’une seule semaine de congé. »
« En plus de la Game Jam, nous avons proposé des activités sociales comme une promenade en forêt, une sortie en bateau, une dégustation de bières ou une séance de yoga. Rien n’était obligatoire, mais ces moments de décompression ont été très appréciés. Il y avait aussi deux ateliers obligatoires : Yasmin d’Amplo est venue parler — et écouter — du fonctionnement du travail freelance dans notre secteur. Et après une session de quatre heures sur le narrative & game design dès le deuxième jour, toutes les participantes étaient alignées pour développer, en deux équipes, leur propre jeu. »
Qui étaient les participantes ?
MS : « Nous avons sélectionné nous-mêmes douze participantes parmi les candidatures et formé deux équipes. Ce fut un vrai puzzle : nous cherchions une diversité de profils (artistes 3D, sound designers, programmeurs), avec au moins deux débutantes et deux personnes avec cinq ans d’expérience minimum. Nous voulions aussi cinq Flamandes et cinq internationales, toutes capables de communiquer en anglais. »
« Cela a donné un groupe soudé, centré sur la coopération, le soutien et la communication ouverte. Elles pouvaient discuter de jeux, revenir sur les remarques sexistes déjà subies, mais aussi partager avec enthousiasme leurs idées. L’ambiance était détendue et elles ont accompli beaucoup. »
Peut-on jouer aux jeux créés ?
MS : « Absolument ! Knights of the rollerblades est un jeu multijoueur en streaming disponible directement sur notre site, sans téléchargement. C’est un jeu rapide et dynamique où il faut atteindre des cibles. Les personnages chevaliers portent d’ailleurs les noms d’animaux vivant autour du lieu de la Jam. »
« Dans le jeu narratif Dog gone detective, inspiré du chien du propriétaire, un chien-détective enquête pour retrouver le grand master champion des concours canins. Celui-là est disponible sur notre page Itch pour être téléchargé et joué sur PC. »
Quels sont les projets futurs d’Idisen asbl ?
MS : « Nous avons prévu un moment de retour d’expérience. Tout s’est étonnamment bien déroulé, mais côté gestion interne et marketing, nous voulons être plus ambitieuses pour la deuxième édition. Pour l’instant, les inscriptions ne sont pas ouvertes, mais les intéressées peuvent s’inscrire à notre mailing-list : elles seront les premières averties. En attendant, nous présenterons les jeux lors de l’Unwrap Play Day et au Red Bull Gaming Hub. »
On a déjà hâte d’y être !