Avec son film inclassable Pubert Jimbob, Quirijn Dees remporte le prix du Meilleur Film Étudiant Belge au Festival Anima.
Chaque année, le festival Anima met en lumière les talents émergents de l’animation. Cette année, Quirijn Dees figure parmi les lauréats. Il a reçu le prix du Meilleur Film Étudiant Belge, soutenu par Amplo. Son mélange unique d’animation et de création sonore a su convaincre le jury. Nous avons discuté avec lui de son parcours, de ses inspirations, de ses techniques innovantes et des coulisses de son film primé.
Dans Pubert Jimbob, un jeune homme est tranquillement installé chez lui, jusqu’à ce qu’une visite inattendue déclenche une poursuite des plus étranges. Le jury décrit le film comme « une création surprenante, drôle dans l’absurde et résolument originale dans sa manière de raconter les aventures totalement inattendues d’un jeune homme. Un film prometteur et radicalement singulier. » Mais le mieux, c’est encore de regarder la bande-annonce.
Tu es Néerlandais, mais tu as étudié l’animation au KASK en Belgique. Comment es-tu arrivé là ?
Quirijn Dees : J’ai commencé par des études de musique expérimentale et de son électronique au Conservatoire Royal de La Haye. Ça s’appelait la sonologie, une formation un peu underground où je pouvais explorer la création sonore de manière expérimentale.
Pendant mes études, je me suis intéressé à l’animation. Je dessinais depuis toujours, mais sans vraiment de structure. À un moment donné, j’ai voulu combiner mes dessins à mes compositions sonores. Et là, l’animation est arrivée naturellement. La musique est un art temporel, et explorer un médium visuel qui joue lui aussi avec le temps m’a semblé logique. J’ai donc poursuivi mes études au KASK pour approfondir mes compétences en animation.
Ton film a été qualifié d’“OVNI” par le jury d’Anima, grâce à son style unique. Où trouves-tu ton inspiration ?
Mon style est le résultat de plusieurs influences et expérimentations. Les personnages, par exemple, sont faits à partir de dessins 2D que j’ai appliqués sur un modèle 3D. En fait, il n’y a que deux dessins par personnage : un de face et un de dos, sans aucun volume intermédiaire. Au départ, c’était pour aller vite.
Mais je trouvais leurs visages un peu plats. C’est là que j’ai utilisé EBSynth, un outil de rotoscopie qui interpole les images entre des images-clés. J’ai filmé des acteurs, dessiné des keyframes de leurs visages, et laissé EBSynth générer les images entre les deux. Le résultat était parfois imparfait, avec des déformations, mais je trouvais ça justement intéressant. J’ai corrigé certaines erreurs, mais j’en ai gardé d’autres, parce qu’elles ajoutaient quelque chose de spécial.
Pour les décors, j’ai utilisé un mix d’images 2D auxquelles j’ai ajouté de la profondeur, et d’objets 3D très simples. Ça me permet de garder une esthétique marquée tout en travaillant efficacement.
Quelles ont été les plus grandes difficultés techniques et créatives sur ce projet ?
Sur le plan créatif, au départ, j’avais une idée centrale : montrer une suite de situations absurdes vécues par un personnage. Mais en écrivant le scénario, j’ai voulu tout expliquer et rationaliser, ce qui rendait l’histoire trop lourde, trop logique.
J’ai enregistré une première version des dialogues : 17 minutes ! Mes profs m’ont dit que ce n’était pas faisable dans les délais. J’ai donc dû réécrire tout le scénario. C’était un défi. Mais cette réécriture m’a permis de revenir à l’essence du projet : une succession de moments absurdes et imprévisibles. Et j’en étais bien plus satisfait.
Techniquement, l’animation et le rendu ont pris énormément de temps. Heureusement, le KASK avait un ordinateur puissant que j’ai pu utiliser presque en continu, car peu d’étudiant·es travaillaient en 3D. J’ai eu de la chance : si j’avais dû le partager, ça aurait été bien plus compliqué.
Pour les enregistrements vocaux, j’ai dû faire certaines sessions hors studio, avec un micro prêté par l’école.
Finalement, j’ai réalisé mon film avec des moyens modestes. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai encore fait quelques ajustements, et j’ai tout finalisé sur mon propre ordi portable… une simple machine de gamer.
Et la suite ? Tu travailles sur un nouveau projet ?
Oui, je poursuis actuellement un master en animation en Suisse, à la HSLU (Haute École de Lucerne). J’espère terminer mon film de fin d’études en juin.
Quirijn Dees a remporté le prix du Meilleur Film Étudiant dans la compétition nationale (courts-métrages). Amplo offre au lauréat un prix de 1 000 €. Découvrez ici le palmarès complet d’Anima 2025.
Avec son prix en poche et sa démarche expérimentale totalement singulière, Quirijn Dees continue d’explorer son univers d’animation — cette fois depuis la Suisse. La preuve que la créativité n’a pas de frontières ! Chez Amplo, nous sommes fier·es de soutenir les talents émergents et de contribuer à leur envol.